lundi 7 avril 2008

2008 - Norbert et l'Artifoire - Texte de Serdu


NORBERT et l’ARTIFOIRE … les tout débuts :

C’était un mercredi de septembre, en 1974 …
Là où se trouve actuellement un magasin d’article de sport, c’était le café de Roger Loy et Marcelle.
Il y avait, ce soir-là, peu de monde.
Une tablée, tout de même, avec 4 hommes qui discutent passionnément : Norbert Duroisin, Albert Leclercq, Roger Loy et moi-même….
Marcelle, assise dans le comptoir, écoute en jetant un œil sur la grande horloge. Elle apporte des verres de pils qui font grandir l’animation.
« Le sujet est de taille », disait Norbert, jamais le dernier à provoquer les sourires…
« Dans le temps, les fêtes du 21 juillet étaient éclatantes, à Hollain : régates sur l’Escaut, feu d’artifice, … Il faudrait faire revivre l’ambiance ! »
« Et pourquoi pas une Foire aux artisans ? » glisse Norbert, « Ellezelles en organise une depuis plusieurs années et le succès est au rendez-vous. On a, à Hollain et environs, de vrais artisans qui vivent de leur métier. Montrons cela aux visiteurs ! »

Monsieur Albert, d’habitude prudent et septique, se laisse convaincre et accepte d’être le premier président. Norbert sera le premier trésorier –je me souviens de sa boîte en fer cabossée, où il placera longtemps les billets et les factures… « Et il dort dessus ! » ajoutait Eva- Roger Loy prit le poste de « relations publiques » et « responsable technique » … et le secrétariat tomba … sur « le plus jeune » !

Dès 1975 donc, 8 artisans, un mini-chapiteau sur la place de l’église, sans plancher.
La poussière vole dans les verres et sur la laine de Ghislaine et Dany Barbez. Les copeaux de pierre de Norbert font de même. Daniel De Mey, électricien, lance les disques 45 tours et remet le courant quand les besoins énergétiques dépassent la bonne volonté d’un compteur famélique (là où se trouve le restaurant maintenant).

La foule régionale s’intéresse, les Français s’arrêtent, le chapiteau est trop petit !!!
Il faut déménager…
« La place verte ? ce sera trop grand ! » dit Monsieur Albert.
Essayons … Et peu à peu, les visiteurs se sont comptés en centaines, puis en milliers, au même rythme que les coups de burin de Norbert … Mais qui dira les transports avec nos autos personnelles pour aller chercher à Rumes 2 stands, à Tournai 5, …. Et puis tout faire avec des « bouts de ficelle » (Norbert en avait toujours dans sa poche !) Et aussi monter et démonter tout en étant 4 ou 5 ….
Mais l’Artifoire était lancée !
MERCI NORBERT !

A son contact, pendant tant d’années, j’ai gardé en mémoire des anecdotes, des phrases-types de ce « Gandhi d’Hollain ». Je vous en livre quelques unes, Norbert aurait apprécié nos sourires :
- « Faudrait des journées de 48 heures ! »
- « les 35 heures actuelles ? Ben nous, c’était 12 heures par jour, 6 jours sur 7 ! »
- « vous avez beau faire … »
- « J’ai travaillé pour des cathédrales et des églises et pourtant, j’suis pas un homme d’église, mon dieu, non ! »
- « Je roule à vélo et je n’ai pas d’auto pourquoi ? Je n’ai que mon permis « grue » ! »
Un jour un visiteur français de l’Artifoire lui dit : « Je fais le tour de la foire, pendant ce temps-là, vous pouvez me tailler un icosaèdre ? »
Quand Norbert portait les journaux « Si les feux de mon vélo ne marchent pas, je mets sur mon porte-bagage mes Drapeaux Rouges ! »
A la question « Tu bois un verre, Norbert ? », celui-ci répondait immuablement « Hé bé, qui soit ! »
Autre phrase à laquelle je souscris, bien sûr : « Celui qui n’a pas l’dessin au moins dans sa tête, i n’a rien ! »
Et Norbert, fidèle donneur de sang, « J’comprends pas que mon sang n’a pas généré plein de tailleurs de pierre … on dit pourtant que « bon sang ne peut mentir ! »
Norbert était-il connu ? « J’pense bien, disait un ami, si le roi venait à l’Artifoire, on dirait : »Qui c’est ce type à côté de Norbert ? »
Etc., etc.,

Le noyau « noyau fondateur de l’Artifoire est presque disparu :
- Roger LOY est décédé dans l’incendie de son café.
- Monsieur ALBERT, après avoir passionné des générations d’élèves, a bien mérité son repos sous la pierre.
- Et te voilà, toi, l’ami Norbert …
Je suis, nous sommes, trois fois « orphelins »

MERCI NORBERT ! MERCI ARTIFRERE !

Serge DUHAYON 11 avril 2008